Y a déjà fait plus beau
En avant de mon bateau
J’ai déjà eu le regard plus haut
Emberlificotaillé dans mes rêves
J’rame en malade n’importe où
— Aidez-moi, Daniel Boucher
J’ai réalisé il y a quelques mois qu’il s’était écoulé autant de temps entre mon entrée au cégep et aujourd’hui qu’entre le début de la Révolution tranquille et le début de mon cégep.
Le Québec que je connais s’est donc bâti dans les trente ans avant mon entrée dans le monde adulte et j’ai l’impression qu’il n’a presque pas changé dans les trente années suivantes — et ça, malgré tous les bouleversements (technologiques, écologiques, internationaux) dans son environnement. Comment est-ce possible?
Je me suis aussi souvenu qu’au début des années 1990, François Ricard avait tenté de décrire l’esprit de la génération, qui venait d’avoir 45 ans. Son livre, La génération lyrique, est resté un témoin important de cette époque.
«J’ai voulu dessiner, disait-il, le portrait des hommes et des femmes qui ont aujourd’hui quarante, quarante-cinq, bientôt cinquante ans.»
C’est dans le même esprit que j’ai décidé de m’interroger sur ce qui décrit mon parcours, maintenant que c’est à mon tour d’avoir 45 ans. J’ai choisi de le faire en m’appuyant essentiellement sur les quelque 1800 textes que j’ai publiés sur mon blogue depuis 2002. Les sujets que j’ai choisi d’aborder dans ces textes sont en effet révélateurs de ce qui m’a intéressé au fil des ans.
Je n’ai évidemment pas la prétention de pouvoir faire de cet exercice d’introspection une analyse générationnelle. Ce n’est rien de plus que le témoignage d’une trajectoire très personnelle, à travers les événements qui ont marqué les trente dernières années au Québec. Des événements que nous sommes néanmoins nombreux à avoir diffusés — et qui nous ont vraisemblablement marqués à des degrés divers.
J’ai écrit l’essentiel de ce texte en janvier dernier, à la manière d’une ligne du temps depuis mon entrée dans le monde adulte. Il est aussi devenu une forme de recension des textes les plus marquants de mon blogue.
Je l’ai fait ainsi parce que j’avais surtout besoin de comprendre où j’en étais, personnellement. Parce que je souhaitais en finir avec les incessantes déceptions et le cynisme qu’elles engendrent et que, pour cela, je sentais le besoin de mieux comprendre l’origine de mon état d’esprit. J’aurais donc pu en rester là.
Je le publie néanmoins aujourd’hui, à quelques semaines de l’élection, en souhaitant qu’il puisse contribuer à apporter un nouvel éclairage sur l’état d’esprit d’une partie de l’électorat.
Je serais encore plus ravi s’il permettait de donner progressivement forme à une communauté de personnes qui ont envie d’aborder l’action politique avec de nouvelles perspectives — en adoptant de nouvelles façons de faire, parce que cela m’apparaît plus que jamais nécessaire
Au terme de cette rédaction, je conserve la perception que les trente dernières années de l’histoire du Québec ont été terriblement déprimantes, mais je reste optimiste: les trente prochaines pourraient être passionnantes si on les aborde avec le goût de faire les choses différemment. J’esquisse d’ailleurs quelques hypothèses et certaines pistes d’action dans la conclusion du texte.
Mais bon, assez parlé… le récit commence en 1989.
Et si vous désirez naviguer plus librement dans le texte, la table des matières est ici.
Clément Laberge
Québec, août 2018
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La forme du texte reste celle d’un blogue. N’hésitez donc pas à ajouter sous chaque texte/année des réflexions ou des références à des événements déterminants que j’ai pu oublier ou dont j’ai pu négliger l’importance.